Le Bésigue est un jeu de cartes du XIXe siècle, issu de la Brisque et du Briscan. Son nom est celui d'un mariage spécifique consistant en la réunion du valet de carreau et de la dame de pique. Il est souvent donné pour être originaire du Limousin ou de l'Angoumois, où il aurait d'abord été appelé le Bési. En ce qui concerne son ancienneté parisienne, les premières règles ne semblent pas être plus anciennes qu'autour de 1850. Méry dans son Arbitre des jeux, édité en 1847, écrit qu'il s'agit d'un nouveau jeu. Son succès a été considérable et plusieurs versions ont vu le jour. Pour augmenter les possibilités de faire des annonces, les joueurs ont notamment modifié le nombre de jeux de cartes utilisés conjointement, pour l'amener à deux, puis trois, voire quatre. Des versions pour trois et quatre joueurs existent. Les règles présentées ici sont les plus anciennes écrites, avec un seul jeu de 32 cartes pour deux joueurs. Voir aussi : La famille de la Brusquembille
1. Principe Le Bésigue a pour base la Brisque et le Briscan. Si le Briscan comporte trop de manières de marquer des points, il apporte des améliorations au jeu de la Brisque. Le Bésigue fait passer ces améliorations à la Brisque, et en ajoute quelques autres.
Sur ces points, le Bésigue suit exactement la Brisque : Le Bésigue se joue à deux avec un jeu de 32 cartes. Chaque joueur reçoit six cartes du donneur désigné au hasard à la plus haute carte tirée du paquet. La treizième carte est retournée par le donneur qui la place, face en partie visible, sous le talon. Cette retourne, indique l'atout par sa couleur pique, cur, carreau, ou trèfle.
Contrairement à la Brisque et même au Briscan, la retourne ne peut être échangée par le sept d'atout qu'avant de jouer la première carte du coup. Après avoir jouer sa première carte, le joueur qui a reçu le sept d'atout n'est plus autorisé à faire l'échange. L'échange de la retourne par le sept d'atout rapporte immédiatement 10 points quel que soit le type de la retourne, alors qu'au Briscan il faut que la retourne soit une carte marquante.
Le Bésigue réduit considérablement la liste des annonces du Briscan et revient presque au niveau de la Brisque. D'autre part, au Bésigue, seul le joueur qui vient de faire une levée peut faire une annonce. Il la fait avec les contraintes suivantes : il
doit la faire en montrant les cartes concernées avant de prendre la carte
du dessus du talon ; Comme toujours les annonces ne sont pas obligatoires.
Comme à la Brisque et au Briscan, les mariages rapportent des points. Cependant au bésigue, les mariages de rencontre ne rapportent aucun point. D'autre part, le Bésigue introduit un autre type de mariage qui est la réunion dans la main d'un joueur du valet de carreau et de la dame de pique. Ce mariage est appelé bésigue. Il est aisé de se remémorer les deux cartes qui forment le bésigue : en effet parmi les valets et les dames du jeu de carte, seuls le valet de carreau et la dame de pique ont leurs visages parfaitement de profil. Le choix de ce type de mariage ainsi que celui de son appellation sont probablement liés à cette particularité. L'un tournant son visage à droite et l'autre à gauche se font face et se regardent. Or besi en « occitan » vient du verbe veser signifiant voir en français. Selon cette étymologie, le Bésigue ne prend tout son sens que s'il est joué avec un jeu de cartes au portrait français : Les points attribués dépendent du type de mariage :
Seule la quinte majeure est valable, c'est-à-dire la séquence la plus haute de la même couleur : 10-valet-dame-roi-as. Les points attribués sont fonction de la couleur de la quinte majeure :
Le fait que les joueurs n'ont que cinq cartes en main pour faire leur annonce rend très rare celle d'une quinte. La partie se jouant en 500 points, la quinte majeure en atout fait gagner la partie d'emblée. Contrairement au Briscan, une carte ayant servi pour annoncer un mariage ne peut plus servir pour annoncer une quinte et inversement.
Comme au Briscan, la réunion dans la main d'un joueur de quatre cartes de la même hauteur aujourd'hui communément appelé carré peut être annoncée à l'exclusion des plus basses qui sont les sept, les huit, et les neuf. Au Bésigue le carré de dix ne rapporte aucun point. Les points attribués en fonction de la hauteur des quatre cartes annoncées sont consignés dans le tableau ci-dessous :
Des cartes ayant déjà servi pour une séquence ou un mariage peuvent être utilisées pour annoncer quatre cartes.
Le Bésigue se joue de la même manière que le Briscan : tant
qu'il y a des cartes au talon, le jeu de la carte est celui de la Brusquembille ; Pour rappel : c'est
toujours celui qui a joué l'atout le plus fort qui fait la levée,
et à défaut d'atout joué, c'est celui qui a joué la
plus forte carte de la couleur demandée.
Comme à la Brisque et au Briscan, celui qui fait la dernière levée marque 10 points.
Une partie de Bésigue se joue en 500 points. Au début de la partie, un joueur se charge de marquer les points des deux joueurs dans un tableau à deux colonnes. Les points d'annonce ainsi que ceux de la retourne sont marqués immédiatement. Pour rappel, pour compter les points de levée, l'as vaut 11 points, le dix en vaut 10, le roi 4, la dame 3, et le valet 2. Les autres cartes ne valent aucun point. Le total des points contenus dans les 32 cartes s'élève donc à 120. Tant qu'un joueur n'a pas atteint ou dépassé 400 points après avoir éventuellement compté les 10 points de la retourne, il ne peut compter ses point de levées qu'à la fin du coup. Dans le cas contraire, il compte ses points au fur et à mesure des levées, et dès qu'il atteint ou dépasse les 500 points, il gagne la partie sans avoir à terminer le coup. Suivant le même principe, les deux joueurs peuvent être en situation de compter leurs points de levée durant le coup, et c'est le premier à atteindre les 500 points qui gagne la partie. Si
les deux joueurs n'étant pas en situation de compter les points de levée
atteignent ou dépassent les 500 points à la fin du coup, c'est celui
qui a fait le plus de points qui a gagné. En cas d'égalité,
on joue un coup supplémentaire pour départager les joueurs.
Référence Joseph Méry, L'Arbitre des jeux, de Gonet, Paris, 1847
Informations sur la page Mise
en ligne le 1er novembre 2011 Auteur : Philippe LALANNE Le
Salon des jeux - Académie des jeux oubliés
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